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Justine Mettraux - Sportive acharnée, Marin accomplie

Peu importe la météo ! Les Sablaises et sablais ne s’y étaient pas trompé samedi à l’heure du café pour célébrer l’entrée de la première des six navigatrices engagées dans ce Vendée Globe qui termine à une magnifique huitième place. Malgré la pluie battante, les « Juju just do it » tonnaient dans le chenal à l’heure du café. Bras levés, feux de bengale,… À 38 ans, Justine Mettraux peut savourer et mesurer le chemin accompli, dont voici quelques jalons.

Qu’est ce qui vous prédestine à partir au large ? Bonne question lorsqu’on est issue d’une fratrie de cinq enfants, pratiquant tous la voile en compétition au fameux CER, le Centre d’Entrainement à la Régate de la ville de Genève. « Avant le large, Justine a découvert le solitaire en participant à ses premières Translémaniques en solitaire à l’adolescence. Elle a enchaîné avec des camps de jeunes en mer, c’est parti de là » raconte sa soeur aînée Elodie Jane.
Diplôme de professeur des écoles en poche, Justine enchaîne avec un tour de l’Atlantique avec des jeunes pendant six mois avant un grand saut vers le Brésil et les canaux de Patagonie en compagnie de son camarade Benjamin Ruffieux sur un Half Tonner (course croisière de 9 m), sans moteur mais avec des rames au cas où ! « C’était l’aventurière de la famille poursuit Elodie Jane. On était contents de la voir revenir, raconter ces parenthèses enchantées qu’elle a su créer dans sa vie ».

Le goût du large, la culture de la course
Bien avant de participer à la Mini-Transat qu’elle termine deuxième en 2013, Justine avait emmagasiné une solide expérience, faite de bourlingue et de régate. Sous les couleurs de TeamWork déjà, elle démarre alors une carrière en course au large où elle alterne avec bonheur solitaire (7 Solitaires du Figaro), double en Class40 et équipage avec deux participations dont deux victoires dans The Ocean Race. « Justine n’est ni timide, ni exubérante. Elle s’intègre très facilement sans faire de bruit, dit d’elle Vincent Riou qui coache depuis trois ans les IMOCA au Pôle Finistère Course au large de Port La Forêt. Elle est toujours là pour apprendre et ne cesse de progresser ».

Au moment de lancer son projet IMOCA, voilà donc un marin complet qui a toutes les clés en mains pour réussir. Connaissance du large, expertise de la régate, culture des gros bateaux et de la technique, sens de l’organisation et des plannings. « Elle a su créer aussi une ambiance très familiale dans son équipe. C’est assez chouette à voir et je crois que ça a beaucoup compté dans la réussite » constate sa soeur, venue aux Sables d’Olonne l’accueillir, aux premières loges depuis la maison louée sur le chenal, floquée d’un drapeau suisse et du message « JuJu’st Do it ! »

Démarré à l’été 2022, le projet Vendée Globe a été mené avec une grande maîtrise. Intégrée par Beyou Racing qui lui vend le plan VPLP, premier IMOCA faisant le pari de voler sur ses foils en 2018, Justine capitalise sur l’expérience de Jérémie et sait s’entourer. Julien Villion rentre dans l’équipe dès le début, court en double avec elle la saison 2023 et participe à l’évolution du bateau. Les puits des nouveaux foils sont greffés dès l’hiver 2022-2023 après la Route du Rhum, en anticipation de leur réception pour l’entame de la saison 2024. « La gestion sur trois ans a été graduelle. Le bateau n’a eu de cesse d’être contrôlé, renforcé, sans tout concentrer en 2024 » constate Julien.

Une autre façon de naviguer
Résultat, Justine a eu son lot de soucis pendant ce Vendée Globe, mais plutôt moins que d’autres concurrents. « C’est aussi sa patte, sa façon de naviguer, poursuit Julien. Elle sait appuyer sur l’accélérateur, elle m’a d’ailleurs surpris par son rythme dès le départ ou à l’entrée du Pacifique quand elle lâche Clarisse et Sam pour rester dans le top ten,… Mais c’est aussi une excellente gestionnaire. Elle sait régler pour naviguer en souplesse quand c’est dur pour le bateau et ne relâche jamais son attention »

« Concentrée », « attentive », « travailleuse », « engagée », tels sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent lorsqu’on évoque Justine auprès de ceux qui la connaissent bien. Et cerise sur le gâteau, elle n’a pas rechigné pendant ces 75 jours à démarrer la caméra pour communiquer, ce qui n’est pas réputé son fort. « Dans son parcours sportif, la com’ n’est pas sa priorité confirme Elodie Jane. Ça peut être ressenti comme de la froideur alors que Juju est curieuse des autres et aime raconter lorsque c’est le bon moment ». Les moments sur ce Vendée Globe, elle a su les trouver : tutos bricolages et vie à bord, conseils de lecture, analyse météo, on peut dire que Justine aura fait le job ! « C’était une des exigences qu’elle s’était fixé. Je trouve qu’elle a même progressé pendant son tour du monde constate Julien Villion. Elle a essayé de faire des vidéos qui avaient du sens pour faire partager ce qu’est le quotidien d’un solitaire au large. Sur ce Vendée Globe, elle voulait tout faire bien et la com en faisait partie ».