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De Lorient aux Sables d’Olonne en passant par New York

Entamée le 28 avril, la campagne américaine de Justine Mettraux s’est achevée ce midi devant le chenal des Sables d’Olonne, précisément là où elle s’élancera le 10 novembre prochain pour le Vendée Globe.
Derrière le symbole, c’est la deuxième transat réussie pour la navigatrice qui termine 8ème en Vendée après sa 7ème place à New-York et ajoute ainsi 6120 milles au loch de TeamWork - Team Snef pour cette première partie de la saison 2024. Retour sur une transat à rallonge de près de 13 jours où le scénario météo improbable supposait de belles capacités d’adaptation et de résilience, ce dont a encore une fois fait preuve Justine.

Ça devait être une longue glissade, la récompense de la « Transat anglaise », une formalité propice à affoler les compteurs autant qu’à se tester une dernière fois au portant fort avant le tour du monde. Ce fut tout le contraire ou presque ! « On savait qu’il y avait ce front qui nous attendait. Les routages te font traverser ce genre de phénomène un peu miraculeusement, mais notre routeur Marcel Van Triest avait mis un warning en nous prévenant qu’on ne le passerait peut-être pas et qu’il faudrait improviser » racontait en début d’après-midi Justine, encore à bord de TeamWork-Team Snef en attente de la marée haute pour rentrer dans le port des Sables d’Olonne.

Seuls deux concurrents en pointe ont été assez décalés et véloces pour passer de l’autre côté du phénomène avec à la clef de gros écarts avec le reste de la flotte et une victoire sans appel de Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) que Justine saluait au passage.

Le reste de la flotte, éparpillé façon puzzle entre les multiples centres de pression de l’océan Atlantique n’ont pas eu la partie facile pour sauver leur course. Certains ont joué au yoyo entre le Sud et le Nord pour leur plus grand malheur et Justine ne cachait pas sa satisfaction de ne pas être tombée dans le piège : « Je n’ai pas tout fait parfaitement en terme de stratégie mais j’ai essayé d’être pragmatique et de prendre les bonnes décisions au bon moment, car certaines t’engageaient sur des scénarios qui pouvaient coûter très cher à la fin. Au final, j’aurais bien aimé gratter une ou deux places de mieux au classement mais quand je vois où sont certains bateaux qui naviguent avec nous d’habitude, je suis contente de ne pas m’être pris les pieds dans le tapis ».

Une transat très exigeante

Pour garder le contact avec la tête de course, il a fallu se battre et tout donner à plusieurs reprises dans des conditions très changeantes et à toutes les allures. Dans ses vidéos presque quotidiennes envoyée du bord, on a pu voir Juju lunettes de soleil dans les cheveux, bonnet en polaire sur la tête, encapuchonnée dans sa casquette à oreilles ou encore casquée lorsque les conditions ont enfin permis d’accélérer à la fin. Une revue de mode qui en dit long sur la variété des allures pendant cette course avec parfois une fatigue lisible sur le visage de la suissesse. « Il y a même un jour où je me suis dit que je ne pouvais pas me filmer, je n’étais pas montrable ! » plaisantait à l’arrivée l’intéressée, se souvenant du stress du black out électrique au quatrième jour de course ou à la réparation de la down-line de foil (la commande qui permet d’abaisser et de maintenir en position basse le plan porteur) : « J’ai été contente de savoir réparer, ça donne de la confiance et c’est pas mal d’aller mettre la tête dans ces endroits du bateau. Ce n’est pas forcément évident car peu accessible et tu es obligée de le faire sur le bord où le foil ne porte pas pour ne pas faire rentrer trop d’eau et ne pas être exposée ».

Sur le plan technique cette double transat, soit 20 jours de course en solitaire dans toutes les conditions, sont très positifs pour l’équipe de TeamWork-Team Snef puisque le bateau n’a subi aucune avarie majeure ou handicapante pour la performance. La sortie d'eau le 14 juin prochain sera néanmoins indispensable avec un protocole de contrôle structurel précis et exhaustif avant le Vendée Globe l’automne prochain, qui ne sera précédé que par le Défi Azimut Lorient Agglomération (10 au 15 septembre).

Après la remise des prix ce soir aux Sables d’Olonne à 19 heures, Justine pourra enfin souffler. Façon de parler puisque comme prévu avant le départ, la navigatrice prendra la route dès demain pour… la Suisse afin de disputer le Bol d’or (grand tour du lac Léman) sur catamaran Décision 35 en compagnie de deux de ses frères et soeurs et de Christian Wahl, le « sorcier du lac ». Quand on aime ! …

New York- Vendée Les Sables d’Olonne en chiffres :
Arrivée le 11 juin à 12 h 56min
Temps de course : 12 jours, 16 h 56 min
Ecart au premier : 2 jours, 13 h 12 min
Nombre de milles parcourus : 3170 milles sur l’orthordromie (route directe) à 10,39 noeuds de moyenne.
4198 milles sur le l’eau à 13,77 noeuds de moyenne.